Ou pourquoi n’y
a-t-il pas de femmes dans l’Adeptus Astartes ?
Je sais que je
mets les pieds dans un débat qui est parfois houleux dans la communauté donc
commençons par quelques clarifications. Je ne vais en aucun cas dire à qui que
ce soit comment peindre ou convertir ses petits soldats de plastiques, résines
et métaux. Aucune police de la pensée ne va débarquer chez vous pour que vous
fassiez ou ne fassiez pas de Space Marines féminins.
Maintenant que
c’est dit on va pouvoir disserter plus librement. Depuis quelques années je
vois des personnes faire des conversions plus ou moins bien réalisées pour
faire des space marines de sexe féminin, et ce pour diverses raisons. Ces
raisons ne vont pas m’intéresser ici, ni leur pertinence, je vais seulement
m’intéresser au background de Warhammer 40000.
Donc notre
question est pourquoi, par l’Empereur, n’y a-t-il que des hommes dans l’Adeptus
Astartes ? Pour répondre à cela je vais d’abord aborder les diverses
raisons qui peuvent exister dans le fluff, cette partie sera très
« aspects pratique »du sujet. Ensuite je vais aborder une partie un
poil plus technique quant à ce que certains appelent en anglais la
« trivia » de Warhammer 40000, à savoir, les inspirations hors 40k
qui influencent 40k.
I.
Quelques extrapolations autour du
« lore »
A.
Les Space Marines, fils des Primarques, fils de l’empereur
« _Dites
papa et maman, comment on fait un Space Marine ?
_Bah tu prends
un adolescent pré-pubère, tu lui greffe pleins d’organes bizarre et tu le
drogue à mort, s’il survit il pourra peut-être devenir Space
Marine ! »
Jusque-là on
est d’accord ? Bon, bah la biotechnologie c’est une discipline (des
disciplines ?) compliquée. Je vous met en bas de l’article un article[i]
(en anglais, il a été repris sur des sites français mais passé par le prisme de
journalistes catholiques "pro-vie", et j’ai un peu la flemme de faire une double
lecture comparative pour savoir s’ils ont modifié des choses ou pas). Cet
article explique que les greffes d’une personne d’un sexe donné vers l’autre
ont statistiquement plus de chances d’échouer (ce qui pour les 2% de la
population né intersexe doit être bien chiant en cas de besoin de greffe).
Si vous avez
lu mon précédent article sur ce blog, j’y évoquais le fait que la création des
légions Space Marine pendant la grande croisade était un processus hautement
industriel. Quelle est la principale différence entre un process artisanal et
un process industriel ? C’est la standardisation. Dans une unité de
production industrielle on cherche à produire rapidement et en masse des
produits identiques en appliquant des gestes techniques identiques. De fait si
l’on veut produire du légionnaire en masse on doit aller à la simplicité, et il
est plus simple de n’avoir qu’une chaine de production pour les hommes qui
survivraient plus facilement à des greffes faites à partir de donneurs
masculins, déjà que les taux de survie à la transformation en SM ne sont pas
folichons…
B.
La sélection naturelle
La sélection
naturelle est un processus de l’évolution qui permet de conserver des traits
génétiques dans une population par le succès reproductif de ceux qui portent
ses gènes et la disparition de ceux qui n’arrivent pas à se reproduire. Je ne
mets pas de sources pour ça, je vous fais confiance pour avoir les notions de
biologies de base sur ce sujet, au pire elles sont assez facilement accessible.
Nous somme sur
une planète quelconque, que pour les besoins de notre expérience de pensée nous
nommerons Tadbou Secundus. Un chapitre de Space Marines a libéré Tadbou Secundus
d’une invasion xenos et réclamé la planète comme monde chapitral. Le chapitre
en question a un processus de sélection bien barbare comme il faut où les
aspirants (des gamins entre 8 et 12 ans) s’entretuent pour choisir les plus forts,
rusés, habiles et déterminés des combattants. Ces aspirants sont choisis parmi
les individus les plus forts/rusés/habiles/déterminés de leur planète.
Sur ceux ayant
passé la première étape vient ensuite une série d’autre pendant laquelle
d’autres aspirants vont mourir. Le taux de réussite n’est pas brillant et le
chapitre des Trucidators n’est pas particulièrement réputé pour la finesse de
ses stratégies mais plus pour les massacres au corps à corps à grand coups de
bottes énergétiques et de tronçonneuses, du coup, ils recrutent en flux tendus.
A votre avis,
à force de prélever les meilleurs individus de la population avant qu’ils ne se
reproduisent, il arrive quoi à la population ? Elle va perdre une partie
de ces caractères génétiques. De fait, ceux qui vont survivre, et se reproduire
parmi les mâles de la planète sont ceux qui n’ont pas été sélectionnés.
Heureusement, les Trucidators ne recrutent pas parmi les femmes et vu que
Tadbou Secundus est une planète ignoble où il faut lutter pour survivre, les
femmes portent toujours les gènes les plus adaptés à la survie et au
combat !
II.
La « trivia »,
ou l’influence du monde réel sur un monde fictif
Ce n’est un
secret pour personne, Warhammer 40000 puise pour les différentes factions qui
le compose dans des cultures qui existent ou ont existé dans notre monde. Il
serait de toute manière bien difficile de créer un récit totalement fictif
expurgé des influences idéologiques de l’auteur, du groupe social auquel il
appartient et de la société à laquelle ce groupe social appartient, pour ne pas
dire impossible. Le Games Workshop des débuts n’était pas le Games Workshop
d’aujourd’hui, et, je le dit pour ceux qui ne connaissent pas les origines de
nos univers favoris, c’est un fait extrêmement important.
Au départ Warhammer
40000 a un aspect de comédie noire extrêmement important, on se moque des
institutions réelles au travers d’un univers fictif. L’Imperium qui représente
la principale partie de l’Humanité y est décrit comme un système oppressif,
mais le seul viable, et ce système s’inspire de divers systèmes ayant existé.
D’habitude je râle quand j’entends dire que l’Imperium est constitué de
« catholic space nazi », parce que j’ai un peu étudié l’histoire, et
de fait je vois bien d’autres choses que le nazisme. Déjà première mise au
point, l’Imperium ne saurait être nazi. Le nazisme est définit par deux traits
majeurs, premièrement la supériorité de la race aryenne, et l’ennemi
fondamental que représente pour cette idéologie la « race juive ».
Aux dernières nouvelles il n’y a ni aryens, ni juifs dans warhammer 40000. Et
il y a une certaine diversité dans les races humaines.
Certes on
représente avant tout des blancs caucasien, mais est-ce dû au fait que les
joueurs et les concepteurs sont majoritairement blancs et représentent plus
facilement des blancs ou au fait que les autres couleurs de l’humanité auraient
disparu ? Je penche pour la première proposition. Pour rappel l’Empereur
est né en Anatolie, c’est probablement un Turc, un Khurde ou Arménien, ou
n’importe quel groupe ethnique de la péninsule, mais pas un blanc.
Donc
disions-nous, l’Imperium n’est pas nazi. Mais le nazisme appartient à un groupe
idéologique plus large. Le nazisme est une variante du fascisme, idéologie
développée au départ en Italie et qui s’est répandue dans toute l’Europe et a
pris le pouvoir dans certains pays. Ce qui m’intéresse ici c’est une idée intrinsèque
aux divers fascismes, le concept d’homme nouveau, d’homme supérieur. Vous voyez
où je veux en venir non ? Bon avant de sauter aux conclusions, définissons
mieux ce concept. Cet homme nouveau donc représente l’idéal vers lequel doit
tendre chaque membre de l’état fasciste, un idéal voué à la régénération de la
race dans une perspective essentialiste et raciste. Il est à la fois le paysan,
l’ouvrier et le soldat. Sur les affiches on représente d’ailleurs très souvent
le soldat. En revanche, on ne voit pas ou peu la femme. Il représente en fait
un renouveau de l’humain, tant psychologiquement que physiquement. Un être
parfait. J’ai pu lire un rapport entre l’homme nouveau des fascismes et le
surhomme Nietzschéen, mais de fait le surhomme de Nietzsche s’affranchit des
contingences sociales, là où l’homme nouveau du fascisme lui s’y conforme
parfaitement. L’Homme nouveau est à la fois fidèle à la tradition et à l’ordre
moral, mais il est aussi le vecteur de la supériorité technique de sa société.
Les parallèles
entre le concept d’homme nouveau et de Space Marine est relativement simple à
établir, un être sélectionné pour sa supériorité physique et mentale, et rendu
encore plus puissant sur ces aspects héritier d’une tradition millénaire, mais
équipé du matériel le plus sophistiqué à la disposition de sa civilisation. Un
guerrier forgé pour établir la supériorité de sa civilisation sur toutes les
autres. Un être qui se conforme parfaitement à ce qui est attendu de lui. L’Astartes
est ainsi bien plus proche de l’homme nouveau du fascisme que du surhomme Nietzschéen.
Et dans cette
vision de l’Homme nouveau, la femme n’a pas sa place comme égale.
~
Bien sûr tout
ceci n’est qu’extrapolations, et peut être remis en cause d’une manière ou d’une
autre, d’une part chacun construit son armée comme il l’entend, et d’autre part
Games Workshop peut décider du jour au lendemain de changer sa manière de
représenter les choses. Cela représente ma lecture de cet univers. L’Imperium n’est
selon moi pas un état fasciste, ou plutôt, il n’est pas que fasciste, ni
complétement fasciste, mais cet aspect est relativement important pour analyser
le rapport d’une institution comme l’Adeptus Astartes à la question du genre. N’hésitez
bien sûr pas à me donner votre opinion en commentaire!
Le prochain
sujet que j’aborderai sera « le Chaos, ou pourquoi Magnus a raté sa vie,
et Russ n’était pas un hypocrite » ;)
Les gens qui gueulent que GW est sexiste parce qu'il n'existe pas de femmes Space Marine sont aussi stupides et incohérents que PETA qui râle parce que les Space Wolves ont des peaux de loups sur le dos.
RépondreSupprimerC'est un univers dystopique, conçu pour qu'aucun humain digne de ce nom n'ai envie d'y foutre les pieds. Il n'est en rien nécessaire de le rendre progressiste, ça serait un non sens complet.
Voila pourquoi il n'y a pas de femmes Space Marine.
ouais mais en dehors de ça, en respectant la matière déjà existante il y a grave moyen de faire plus inclusif du point de vue des représentations, GW fait des efforts, notament niveau peinture pour représenter plus de carnations possible certes, mais on attend toujours des GI féminins par exemple.
SupprimerLe non inclusif me débecte le Tout inclusif aussi J'ai toujours compris les SM comme des bourrins capables d'endurer le plus rude comme de se mouvoir à l'aise dans une armure qui doit peser son poids Par contre développer les sœurs de batailles et leur donner plus d'importance oui
RépondreSupprimerde fait être un gros bourrin ce n'est pas 100% dévolu à l'un des deux sexe, c'est majoritairement un truc de mec, mais tous les mecs ne le sont pas et des nanas le sont. du coup ça n'expliquerait pas pourquoi il n'y a pas de femmes astartes.
SupprimerPour le fait qu'il n'y ai pas d'homme dans le sororita il y a déjà une explication simple qui existe, mais dans le fluff des SM rien ne dit qu'une femme ne peut pas l'être franchement, c'est juste que ce n'est pas le cas.
Voilà pourquoi je décortique un peu tout ça pour donner une explication.
Le 41ème millénaire ne serait donc pas très inclusif...
RépondreSupprimerje t'invite à relire le texte d'introduction du fluff 40k, il me semble que dans l'univers de 40k on est peu respectueux des droits humain.
Alors moi j'aime bien quand on pense un peu nos hobby.
RépondreSupprimerPar contre c'est absolument génial (si c'est le mot) de voir avec quel prisme idéologique totalement éphémère (parce que daté) on le passe en revue.
Pour le coup je trouve que tu ne tombes pas dans le piège (contrairement à certains commentaires).
Bref j'ai pas la place ni le temps ici mais perso, je ne supporte plus toute cette bien pensance de fragile qui ne permet plus de rien faire ou de et ne rien dire, qui tue la liberté en croyant l'exalter par...l'égalité. Alors que le bon sens le plus élémentaire proclame que qui dit diversité, et qui veut la porter véritablement au respect, dit foncièrement inégalité (et qui dit inégalité dit ordre et donc hiérarchie #Aristote)
Le fluff de 40k est donc un parfait endroit de détente préservé de ce "progressisme" qui n'est rien d'autres qu'un gommage à moyen terme de toutes différences et par conséquent de toutes valeurs.